À l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Port-Louis en juillet 2018, le scientifique spécialiste du plancton, Pierre Mollo et le compositeur-pianiste brésilien Antonio Santana ont lancé le projet ambitieux de créer une œuvre symphonique dédiée à la mer.
Cette œuvre musicale originale veut faire converger par la mélodie et l’image, deux univers bien distincts : la musique classique et les sciences marines. Elle cherche ainsi à créer l’émotion indispensable pour prendre conscience de la fragilité des micro-organismes essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes, le plancton.
Le scientifique Pierre Mollo a préparé, grâce au soutien technique du parc de découverte des océans brestois, Océanopolis, une projection d’images de la vie sous-marine prises au microscope. Un plongeon féérique dans l’infiniment petit !
« C’est un vieux rêve pour moi d’entendre ce petit peuple de la mer qui a tant à nous dire !... Grâce à des images que je lui ai transmises et à sa “fulgurance” d’artiste, Antonio Santana a ce pouvoir d’entendre le plancton et, par sa musique, de partager des émotions incroyables. Croiser le regard et le son à travers une symphonie est une occasion inédite de faire connaître au grand public le plancton, et sa fragilité. En effet, en cette période où ça chauffe pour la diversité, le plancton doit s’en inquiéter ! Moi, à travers une goutte d’eau, j’observe des myriades de petites vies, avec une imagination fertile et des rêves, car c’est d’eux que naissent les grands projets. Le rêve d’Antonio Santana a du sens et une formidable portée. »
Pierre Mollo
Cette suite symphonique se déroule en huit mouvements, en relation étroite avec les images, sans pour autant chercher un synchronisme. Musique et images cohabitent et s’apportent mutuellement un soutien :
- Les Abysses
- Eaux troubles et Eaux claires
- Petites et grandes créatures
- Les méduses
- La naissance des Coraux
- Les eaux glacées et les anges de mer
- Le calme avant la tempête
- Final : « Ode à la vie des Océans »
Le mot du compositeur
Cette œuvre est née d’un désir commun avec le biologiste marin Pierre Mollo, grand défenseur du plancton à travers le monde, qui m’a convaincu de la nécessité de faire aimer et préserver le petit peuple de la mer à l’issue d’une rencontre avec l’Observatoire du plancton de Port-Louis dans le cadre de « Art et Plancton » mis en place par Anne Blondel.
Antonio Santana
Pendant deux ans, avec son aide, je me suis penché sur la vie dans les océans. Grace à la haute technologie, l’océan nous dévoile petit à petit ses mystères et sa vie exubérante d’une extraordinaire beauté.
C’est donc, avec le regard d’un enfant, émerveillé, naïf et timide, que j’ai abordé cette œuvre. Il me fallait, à travers mon art, mettre en valeur ces petits et grands personnages à la fois merveilleux, effrayants et magiques dans leur milieu naturel. Je suis allé chercher dans l’orchestre toute une palette de couleurs pour peindre une fresque musicale. Cette musique qui est venue visiter mon cœur a été conçue dans le but de créer un lien entre l’image et le son avec le désir d’apporter une pointe d’émotion à cet univers merveilleux qui reste encore ignoré de beaucoup de nos concitoyens. J’ai été très heureux de collaborer avec le cinéaste réalisateur Jean-Yves Collet et Philippe Coyault d’Océanopolis qui ont soigneusement, en compagnie de Pierre Mollo, choisi des images belles et surprenantes en lien parfait avec la musique.
C’est une œuvre accessible à tous y compris les enfants qui seront largement représentés dans le final lors d’une prochaine représentation, si cette œuvre trouve un écho auprès de personnes susceptibles de nous accompagner dans cette merveilleuse aventure.
J’ai choisi plutôt d’écrire une suite symphonique et non une symphonie pour garder une très grande liberté et ne pas être contraint par la forme, car le sujet me semblait trop vaste et n’acceptait pas un cloisonnement.
Il me serait agréable de partager avec vous une phrase d’un ami compositeur qui s’exprimait ainsi, après avoir parcouru la partition « Mon Cher ami, Camille Saint-Saëns a écrit le Carnaval des animaux de la terre, à l’exception de l’aquarium, et toi tu viens d’écrire le Carnaval des animaux de la Mer » Toute considération faite, je pense qu’il a raison, et que cette œuvre prendra toute sa liberté, allant même au-delà de la vision du compositeur.