Miroir de femmes est un cycle de mélodies pour voix et instruments, interprétées par Norah Amsellem (soprano), Michelle Canniccioni (soprano), Patrizia Ciofi (soprano), Delphine Haidan (mezzo-soprano), Marion Lebègue (mezzo-soprano), Inva Mula (soprano), Blerta Zhegu (soprano), David Lefèvre (violon), Anton Martynov (violon), Jean-François Verdier (clarinette) et Kira Parfeevets (piano).
Paru le 13 novembre 2018, Miroir de femmes est le premier CD de mélodies du compositeur brésilien Antonio Santana. Ce projet est né d'un coup de foudre entre cette musique et plusieurs interprètes, de grandes cantatrices et solistes, convaincus de la nécessité de faire découvrir au grand public cette musique émouvante et passionnée.
Livret en français, en anglais et en portugais. Enregistrement rélisé au studio de Meudon par Clément Gariel les 7 février, 5 mars, 3 juin, 30 août et 19 octobre 2018. Direction artistique : Bruno Gousset.
Il est préfacé par Alain Duault :
C'est la pianiste Kira Parfeevets qui m'a fait découvrir l'univers musical d'Antonio Santana alors que, en matière de compositeurs brésiliens, j'en étais resté à Heitor Villa-Lobos ou Antonio Carlos Gomes. Et j'ai été d'emblée emporté par le vent profond qui jaillit de l'écriture musicale d'Antonio Santana, qui jaillit de son âme. J'ai commencé par écouter La voix de l'Amazonie ou la Suite brésilienne, pour violon et piano : un lyrisme fertile s'y déployait, une joie, une frénésie, une immense sensualité aussi. Il y a à l'intérieur de cette des arbres et des vagues, du rouge et du violet profond.
Mais en même temps, il s'y dessinait, en creux, un appel à la voix, cette voix qui a toujours été, dit Antonio Santana, "un objet de fascination, instrument invisible et difficile à dompter". Le voici, avec ce disque, pleinement dans son élément – c'est-à-dire dans sa matière originelle, la voix. La musique y est toujours portée par un souffle immense, venu de très loin, d'avant les mots même, flux fondamental débordant de l'être de chair. Surtout la voix, les voix qui se croisent là, se tressent et se nouent pour former un grand tapis vocal qui déroule comme une fresque hantée par les femmes.
Adolescent, Antonio Santana a entendu un des plus beaux airs d'opéra français, cet aveu brûlant de Dalila dans le Samson et Dalila de Saint-Saëns, "Mon cœur s'ouvre à ta voix", et il s'y est reconnu : son cœur s'est définitivement ouvert à la voix. Composant sans se préoccuper jamais de suivre une norme ou quelque diktat imposé par les modernités autoproclamées, il laisse s'épanouir son style en chevalier de la beauté, sachant faire écho à Baudelaire, Verlaine et quelques autres, pourvu que les mots et les notes fassent l'amour avec ardeur. Poésie, sons, rythmes, tout se mêle ainsi dans un grand embrassement, un fleuve de musique vibrante, vivante, dont la source est l'âme d'Antonio Santana.
Et puis surtout, comme Mozart, comme Saint-Saëns, comme Richard Strauss, Antonio Santana sait faire chanter les femmes : parce qu'il les aime et qu'elles le sentent. Écoutez ces trames subtiles, ces montées chromatiques qui disent le désir, ces souffles longs, sensuels, ces couleurs profuses, l'exubérance de cette musique comme un jardin d'odeurs subtiles : elles sont là, ces magnifiques chanteuses, offrant leurs nudités intérieures à ces superbes mélodies – car une femme qui chante, qui montre le verso de sa peau, est d'autant plus émouvante que la ligne qui l'exprime est vraie. Oui, les femmes réunies ici en un irrésistible bouquet vocal autour d'Antonio Santana disent la vérité et montrent qu'une musique qui creuse au fond de l'esprit féminin peut toucher non seulement les oreilles mais surtout le cœur des hommes.
Alain Duault
Pistes
- Minha terra, Norah Amsellem
- Le jardin de Ravel, Patrizia Ciofi
- Beija me, Marion Lebègue
- Il pleure dans mon cœur, Inva Mula
- La voix de l'Amazonie, David Lefèvre
- L'irrémédiable, Marion Lebègue
- L'oiseau, Patrizia Ciofi et Anton Martynov
- Oh ! Meu amor, Norah Amsellem
- Alegrias do divorcio, Delphine Haidan
- Lamento, Anton Martynov et Jean-François Verdier
- Cena da loucura, Patrizia Ciofi
- Cantiga de ninar, Michelle Canniccioni
- Pequenina flor, Delphine Haidan
- Shéhérazade, Blerta Zhegu et David Lefèvre
- Ave Maria, Michelle Canniccioni
- As três irmâs, Delphine Haidan
- Rala bucho, Anton Martynov
- Berceuse, Inva Mula et Jean-François Verdier
- Canto selvagem, Blerta Zhegu et Anton Martynov